Une adaptation du langage par les IA
La réputation de l’intelligence artificielle est sans cesse écornée par des spéculations en tout genre, dont certaines largement inspirées des œuvres de Science-Fiction. Néanmoins, si divers experts mettent en garde contre cette technologie, d’autres tentent de redresser la barre. C’est le cas de Lance Eliot, un expert en IA mondialement reconnu et qui collabore avec divers médias. Il est notamment à l’origine d’une publication dans le magazine Forbes du 4 février 2025.
L’homme y rappelle que pour les grands modèles de langage (LLM), dont ChatGPT, un mot n’a pas vraiment de sens. Il ne s’agit même pas d’un amas de lettres, mais plutôt d’une représentation numérique basée sur un modèle statistique connecté à de nombreux autres termes. Ainsi, deux IA discutant entre elles de manière régulière finiraient par adapter leur langage au point d’entretenir une conversation de moins en moins compréhensible pour l’humain. Or, il n’est absolument pas question de complot ou de conspiration provenant de ces modèles.
« En un sens, une langue est quelque peu modifiable par l’IA en termes d’orthographe des mots, de séquence de mots et d’utilisation des mots, autant de paramètres qui peuvent être utilisés à tort et à travers en raison de diverses considérations statistiques et probabilistes. Il ne s’agit pas d’un acte conscient. Nous n’avons pas encore d’IA consciente. Le changement des mots ou d’une langue serait dû à des aspects informatiques et mathématiques », peut-on lire dans l’article.
Un changement progressif
Il s’avère que le but des IA est d’échanger et répondre le plus rapidement possible, si bien qu’il apparait normal qu’elles tentent de trouver le plus de raccourcis de langage possible afin de gagner du temps. L’un des exemples les plus pertinents est la mise en relation entre deux IA génératives à qui l’on a ordonné de se raconter mutuellement Le Petit Chaperon rouge. Le but était ici de comparer les premières interactions avec d’autres beaucoup plus avancées dans le temps.
La conversation passe progressivement de normale à complètement incompréhensible (mots inventés par l’IA) en passant par une phase de sténographie (écriture abrégée). Aussi, si nous permettions aux IA d’utiliser des caractères spéciaux en plus des lettres habituelles, le langage à terme utilisé deviendrait encore plus abstrait pour nous.
Si une telle chose se produit hors expérimentation, des suspicions de complot contre les humains pourraient faire leur apparition. Néanmoins, il serait alors possible de tout simplement demander aux IA de traduire leur conversation dans une langue compréhensible. Et si la véritable solution était d’interdire aux IA de créer leur propre langage ou que l’humain lui-même crée un langage commun à toutes les IA ?