Les 10 et 11 février 2025, la France accueillera le Sommet pour l’action sur l’Intelligence artificielle. Un événement qui réunira chefs d’État, chercheurs, entreprises et ONG pour discuter des enjeux de l’IA. L’occasion de se demander l’impact que ces technologies ont sur nos enfants.

Intelligence artificielle et éducation : des progrès pour nos enfants

En classe, une IA, sur une application dédiée, bien conçue peut détecter lorsqu’un enfant n’a pas compris, personnaliser ses explications et adapter la leçon. C’est un outil précieux pour des apprentissages différenciés, au rythme des enfants.

L’IA peut aussi jouer un rôle clé dans le dépistage précoce des troubles neurodéveloppementaux. Par exemple, dans l’autisme, certaines différences se manifestent très finement dans le regard. Un humain ne peut pas toujours les percevoir, mais une IA pourrait aider à poser un diagnostic plus tôt et donc rendre plus efficace l’accompagnement de ces enfants. C’est déjà le cas en Corée du Sud : des chercheurs de la faculté de médecine de l’université Yonsei, ont développé une IA capable de diagnostiquer l’autisme chez l’enfant et estimer la sévérité des symptômes grâce à des photos des yeux.

L’IA pour les devoirs : bonne ou mauvaise idée ?

Prenons un exemple concret. Sarah, 10 ans, fait un exercice de maths. Voici un énoncé typique de CM2 :
« Un couple et ses deux enfants partent 15 jours en vacances. Le billet de train aller-retour coûte 230 € pour un adulte et 120 € pour un enfant. La famille loue 2 chambres à 60 € par jour. Quel sera le coût de ce voyage ? »

Plutôt que de chercher la réponse par elle-même, Sarah peut très aisément se rendre sur le site d’une IA, copier-coller cet énoncé et obtenir un calcul détaillé en quelques secondes.

Ces usages soulèvent la question des capacités cognitives, n’y a-t-il pas un risque de les voir se dégrader, à trop utiliser ces outils qui génèrent des réponses à l’envi, parfois douteuses mais souvent pertinentes.

Mathilde Cerioli, docteure en neurosciences et cofondatrice de l’association Everyone.AI, estime que la responsabilité des adultes et notamment des concepteurs est grande.

Des risques avérés dont il faut protéger les enfants

Les risques liés à l’intelligence artificielle existent bel et bien. D’abord, l’anthropomorphisme, la tendance naturelle à attribuer des caractéristiques humaines à un objet, un animal, une machine ou… Une IA !

Plus on interagit avec une IA, plus on oublie que ce n’est qu’un programme. Ce réflexe est encore plus marqué chez les enfants, qui peuvent développer un attachement excessif à ces outils, au détriment de leur santé mentale. Notons que l’UNESCO préconise de ne pas utiliser d’IA générative en classe avant 13 ans.

Autre problème : l’hypercontrôle permis par ces outils. En Chine, dans certaines écoles, des capteurs surveillent déjà l’attention des élèves en classe. Chez les tout-petits, certains objets connectés enregistrent le sommeil et le rythme cardiaque des bébés. Mais il s’avère qu’un excès de contrôle peut rendre le parent encore plus anxieux paradoxalement. Or, cette anxiété risque d’être transmise à son enfant.

L’IA pose aussi un défi majeur en matière d’esprit critique et de vérification de l’information, notamment avec les deepfakes, ces fausses vidéos, qui brouillent la frontière entre vrai et faux. Là encore, apprendre aux enfants à identifier ces fausses images est essentiel.

Le nécessaire accompagnement parental

Il convient, en tant que parent, d’utiliser soi-même ces IA avec ces enfants pour se rendre compte concrètement de ces usages. Ensuite, poser des règles claires permet d’encadrer l’utilisation de ces outils. À la maison comme en classe, il faut préserver des moments sans technologie, où l’enfant apprend autrement : par l’échange, la manipulation, l’expérimentation, la collaboration avec ses pairs, etc.

Autre enjeu majeur à considérer dans l’éducation de nos enfants à ces sujets : l’impact écologique.

Chaque requête envoyée à une IA, qu’on appelle “prompt”, consomme énormément d’énergie, bien plus qu’une simple recherche internet. Sensibiliser nos enfants à ces enjeux fait partie d’une vraie éducation citoyenne dorénavant.

Enfin, rappelons-le, c’est important : ces technologies présentent également des risques graves, comme le détournement d’images d’enfants à des fins criminelles. Soyons vigilants et maintenons avec nos enfants un lien de confiance et un espace de dialogue.

Bref, à l’ère de l’IA, éduquer nos enfants, c’est aussi s’éduquer nous-mêmes ! Difficile, voire impossible de les guider efficacement sans comprendre les outils qu’ils utilisent.